
MJW Fédition, 2025, 372 pages
Traduit par Rothraud Dang Tran, Monique Itic, Rachel Samacher, Robert Samacher
et Charles Wolfgang Schmidt
Coordination : Robert Samacher
.
Cette nouvelle traduction en français du célèbre livre de D.P. Schreber était
attendue depuis longtemps. Il s’agit de l’écrit de référence pour l’élaboration
de la théorie psychanalytique de la psychose et cela depuis Freud, en passant
par Lacan. Aujourd’hui, la théorie a beaucoup progressé en psychanalyse, en
psychopathologie, en linguistique. Bref, la communauté scientifique sait à
quel point il est important, dans la psychose, de respecter l’énoncé du patient
à la lettre. Autrement, on passe à côté de toute compréhension. C’est pour
cela que le travail minutieux des traducteurs s’est appuyé sur le facsimilé de
Schreber lui-même.
Cette nouvelle lecture révèle les écrits de Schreber tout autrement à commencer
par le titre. Lorsque S. Freud en vient à s’intéresser à D.P. Schreber en 1906,
à la suite de ses échanges à propos des psychoses avec C.G. Jung, il évoque
des « Événements mémorables » il ne s’agit pas de « Mémoires », et si Freud
évoque une autobiographie, Schreber raconte en fait l’histoire de sa maladie.
Les traducteurs ont assumé et repris à leur compte tout ce qui peut apparaître
maladroit ou rugueux et ont suivi à la lettre les signifiants allemands, les
sonorités et la musicalité de cette langue. C’était indispensable. Cela a permis
d’échapper au discours métaphorique de la névrose et de mieux cerner les
particularités de son écriture. C’est dans l’esprit du séminaire de Bernard
Mary (1983-2007) sur « Les psychoses », que cette lecture de Schreber a été
initiée. Ceci, dès les premières années d’existence de l’École Freudienne,
fondée en 1983 par Solange Faladé à la suite de la dissolution de l’École
freudienne de Paris par Jacques Lacan en 1980.
Cette nouvelle traduction évite tout jeu sur le signifiant et en ceci, elle est
proche de la construction du mot allemand tel qu’il vient à l’esprit de celui
dont c’est la langue maternelle. Ainsi, fait-elle entendre, au plus près, un Réel
qui persécute Schreber. Son rapport délirant à un Dieu qui en même temps
qu’il le persécute, le détruit, participe à sa jouissance et lui donne aussi les
ressources nécessaires pour construire ce que Lacan appellera sa « métaphore
délirante ».